Trouvé ! est une série de blogs occasionnels de Jessa Agilo, fondatrice d’Étang d’Arts. Cet article a été écrit en réponse à des questions sur l’avenir de la transformation numérique pour les GBAM (galeries, bibliothèques, archives, musées) de Culture24 au Royaume-Uni.
La transformation numérique. Culture numérique. Compétences numériques. L’Intelligence et la maturité numériques.
J’ai des difficultés avec ces expressions “numériques” depuis qu’elles sont entrées dans le lexique quotidien de l’industrie des arts et de la culture au milieu de la décennie avec le lancement des nouveaux volets de financement de la stratégie numérique à travers le Canada.
Imaginé, peut-être, comme un moyen de filtrer de manière compétitive ceux qui utilisent des moyens numériques à la mode (blockchain, IA, etc.) par rapport aux moyens traditionnels (billetterie, sites web, numérisation d’archives), un profond manque de clarté sur la signification de ces termes suscite un grand mécontentement malgré le fait qu’il est maintenant plus nécessaire que jamais de trouver un sens commun et une connexion à leur définition.
Que représentent ces mots pour moi ? Commençons par une provocation.
Tous les problèmes numériques sont humains.
De ce point de vue, faire préfacer des mots tels que transformation, alphabétisation, compétences, intelligence et maturité par le numérique sert à supprimer et à effacer la partie la plus importante de l’équation, le côté humain.
C’est peut-être la raison pour laquelle nous avons du mal à comprendre ou à cultiver un consensus sur ce qu’ils représentent pour nous, que ce soit individuellement ou collectivement. Où sommes-nous, en tant qu’humains , dans cette équation, la culture numérique et la transformation ?
Tout seul, le numérique est un terme amorphe, une boîte de Pandore liée de plus en plus aux structures les plus sinistres du capitalisme de surveillance et d’exploitation dans les économies locales et mondiales contrôlées par un petit nombre de mastodontes de l’entreprise en nuage.
Quel est l’intérêt pour le secteur des arts et de la culture d’essayer d’opérer au sein de ces structures de plus en plus inhumaines ou de se transformer pour s’y adapter ? C’est quelque chose que nous essayons tous de faire, en étant toujours en train de se rattraper et sans jamais réussir.
La “transformation numérique” présuppose que ce que nous faisons (et comment) dans le secteur des arts et de la culture n’est pas valable et doit être transformé, dépossédé, supprimé, effacé, abandonné ou oublié.
La “maturité numérique” présuppose qu’il est à la fois possible et utile de suivre le rythme du changement technologique et d’être expert dans un système où le secteur des arts et de la culture n’a aucun pouvoir, ou que le pouvoir que nous acquérons est considéré comme une source de consommation, d’exploitation et de financiarisation opportunistes.
La “justice numérique” suscite la réflexion que les systèmes numériques ne sont pas justes, équitables, accessibles, inclusifs, écologiques ou, surtout, humains.
Lorsque nous pensons à la transformation numérique ou à la maturité numérique artistique ou culturel, pourquoi nous ne donnons pas la priorité à d’autres binômes numériques tels que l’accessibilité numérique, l’équité numérique, l’autonomisation numérique, l’écologie numérique, l’humanité numérique, etc.
Ce sont des mots et des définitions potentielles que les arts et la culture peuvent et devraient mettre plus souvent en avant, pour mener et remettre en question les discussions dans nos communautés, bibliothèques, musées, galeries, théâtres, salles de conseil et chambres du gouvernement. Ces mots évoquent une transformation plus humaine du numérique d’abord, et non une transformation numérique de la vie et de la connexion humaine.
A repenser donc :
La “culture numérique” consiste donc à être prêt à identifier ce que le numérique a de mieux à offrir à notre situation actuelle dans le domaine des arts et de la culture (qu’elle soit à la mode ou non).
Les “compétences numériques” consistent donc à être capable de mettre en œuvre ces opportunités numériques avec le moins de conséquences négatives ou nuisibles pour soi-même ou pour la communauté.
La “transformation numérique” consiste donc à être capable de mettre en œuvre ces opportunités numériques tout en maximisant les plus grands avantages pour la culture d’une écologie numérique humaine plus juste pour tous.
La “maturité numérique” consiste donc à appliquer les écologies numériques humaines tout en augmentant et en amplifiant l’impact de l’expression artistique et culturelle de manière positive.
Que représentent ces mots pour vous ?