ArtsPond/Étang d’Arts a été créé en 2014 avec un mandat de devenir une plateforme de bienfaisance nationale et multidisciplinaire « plate-forme de bienfaisance » ou « plate-forme de bienfaisance partagée » pour les arts. Nous avons d’abord fait cet effort en réponse au document de référence de Jane Marsland « Plateformes partagées et pépinières de bienfaisance » de 2013.
Depuis une demande de statut d’organisme de bienfaisance provisoire infructueuse pour ArtsPond/Étang d’Arts en 2015 (qui a reçu une lettre de rejet de 10 pages de l’Agence du revenu du Canada), ArtsPond/Étang d’Arts a essayé de rallier un précédent pour permettre à ces types de plateformes d’être établis et enracinées dans la communauté.
Quatre ans plus tard, la lumière au bout du tunnel semble tout aussi lointaine qu’elle l’était quand nous avons commencé. Les préoccupations juridiques et politiques sont tout aussi obscures, sinon plus, qu’elles ne l’étaient en 2014 malgré les consultations continues avec les avocats et les membres de la communauté. Le modèle économique commun proposé (10 % des revenus uniquement pour la plate-forme) semble insoutenable pour les petits créateurs et producteurs, quand les budgets habituels pour toutes les administrations sont de préférence de 15 % ou moins. Nous avons soutenu que les plates-formes ventures de bienfaisance seront économiquement viables seulement si des systèmes d’information numériques solides (de préférence open source et open data) sont développés avant le lancement d’aucun toute plate-forme. Cela permettra à une plate-forme de servir plus d’artistes qu’elle ne le ferait autrement, et à l’échelle appropriée, potentiellement réduire les modèles économiques à plus raisonnable 5 % des revenus. À plus grande échelle, les systèmes d’information sont essentiels pour faciliter la collaboration, d’accroître l’efficacité et suivre les activités et les données pour démontrer à l’Agence du revenu du Canada la haute qualité artistique, l’impact public élevé et les pratiques de direction et de contrôle nécessaires pour permettre à ces plateformes de sécuriser et conserver l’enregistrement à un organisme de bienfaisance. Toutefois, après avoir soumis des propositions infructueuses de plus de 1 million de dollars au cours des deux dernières années, trouver les ressources nécessaires pour développer les systèmes d’information spécifiques requis a continué d’être un défi difficile en effet.
Après tout ce temps, nous avons évalué si continuer à poursuivre le développement de plates-formes ventures de bienfaisance. Les réalités de nos systèmes et de notre société changent rapidement. Nous sommes maintenant d’avis qu’il ne sera pas économiquement ou culturellement viable d’investir dans les plateformes ventures de bienfaisance tant qu’il n’y aura pas de preuves qui suggérant que les dons de bienfaisance au Canada ne continueront pas de diminuer de façon significative. Les générations plus âgées de donneurs disparaissent et les jeunes générations ne construisent pas d’habitudes de don à des organismes de bienfaisance. Ils semblent plutôt d’être capturés par des campagnes de crowdfunding virales, non-charitables qui ont une grande visibilité comme Humboldt Strong. Prendraient-ils le temps d’apprendre à faire un don à une plateforme venture de bienfaisance où les relations entre l’artiste et la plateforme ne sont pas faciles à comprendre artistiquement ou légalement?
Nous ne sommes pas du tout convaincus que les donateurs vont soudainement commencer à faire des dons pour soutenir les petits créateurs et les producteurs dans les arts si une plateforme devait être créée. Il nous semble qu’il faudra peut-être plusieurs années pour essayer d’encourager plus de donateurs à donner et à faire du bénévolat dans les arts avant qu’une plateforme de charité ne soit viable si l’Agence du revenu du Canada miraculeusement autorise une plateforme de fonctionner publiquement. Une prochaine étape raisonnable consistera d’investir dans des études sur les moyens d’approfondir et maintenir les relations donateurs-artistes avant de créer une plateforme.
Sur un autre front, les plateformes ventures de bienfaisance ont maintenant l’impression d’être une autre passerelle très inéquitable qui ne profitera jamais d’un segment de l’industrie beaucoup plus petit que ce qui est actuellement financé par des fonds publics. Il ne semble pas correct de dépenser de grandes quantités de fonds publics (et privés) pour incuber une autre passerelle. Nous essayons tous d’ouvrir le système ces jours-ci après MeToo, Reconciliation Autochtone, et bien plus encore, pas de le refermer. Nous avons besoin de meilleures solutions systémiques qui n’habilitent pas des douzaines ou des centaines d’artistes de temps en temps, mais des dizaines de milliers d’artistes chaque année tout au long de leur carrière. Les modèles coopératifs et B Corps semblent tellement plus pertinents et attrayants de ce point de vue … que ce soit pour l’accès/la propriété de plateformes numériques, d’abris/espaces, d’équipements/fournitures ou autres. Mais si les donateurs / mécènes / publics ne sont pas là en premier lieu, il n’aura vraiment aucune importance quels que soient les modèles ingénieux que nous proposons. Nous devons aller aux bases. Les plates-formes ventures de bienfaisance et d’autres complications complexes du système n’abordent pas les causes profondes du problème. Notre société ne se soucie pas (ou n’en sait pas assez) de la valeur de la créativité et de l’expression artistique pour s’y engager. Et pourtant, quand ils sont engagés, nos systèmes de soutien et de donner aux artistes sont trop alambiqués, opaques ou cachés dans des systèmes inefficaces pour être des outils détectables et souhaitables pour soutenir des interactions tout au long de la vie.
Nous n’abandonnons pas la poursuite des plateformes ventures de bienfaisance, du moins pas encore. Mais nous ne les considérons plus comme une solution miracle digne d’un investissement significatif. Les défis de l’industrie sont si incroyablement immenses et urgents. Nous ne pouvons pas attendre quelques années, une décennie ou plus, espérant que ces plates-formes deviendront un jour une réalité à l’échelle du besoin. C’est la raison pour laquelle ArtsPond/Étang d’Arts a choisi de rassembler des partenaires intersectoriels pour résoudre les problèmes systémiques comme l’embourgeoisement (via Groundstory.ca) et la transformation numériques des services artistiques (via DigitalArtsServices.ca). Au moins à court terme, il semble qu’ils auront un meilleur rendement pour l’argent. Entre-temps, d’autres efforts visant à modifier le statu quo comme la création des politiques pour un revenu garanti, une garderie universelle, l’amélioration de l’éducation artistique dans les écoles et plus pourraient bénéficier d’une représentation active d’un segment plus large de la communauté artistique.